François Cornet nous a quittés subitement le 23 mai dernier. Il était professeur émérite à l'Université de Strasbourg depuis 2014 après une longue carrière de physicien du globe, d'abord à l'Institut de Physique du Globe de Paris puis, depuis 2007, à l'Ecole et Observatoire des Sciences de la Terre à Strasbourg.
La communauté des géophysiciens vient de perdre un grand nom, un passionné de la mesure géophysique, celle acquise sur le terrain, dans les forages, dans les galeries souterraines, le long des failles, en profondeur dans les réservoirs géologiques.
Son expertise dans la connaissance de l'état mécanique du sous-sol était unique et très largement reconnue internationalement. Il a été à l'origine d'une nouvelle mesure de contraintes en puits, la méthode HTPF, qui a été mise au point sur le premier site qu'il a investigué, celui du Mayet de Montagne, près de Vichy dans le massif central. Mesurer les contraintes est une étape essentielle dans la compréhension de la déformation du sous-sol, à la fois à très court terme comme lors des séismes mais aussi à long terme, c'est-à-dire à l'échelle de quelques mois voire de plusieurs années lorsqu'elle est asismique.
De par sa formation en laboratoire pendant sa thèse sur la fracturation des roches, à l'enseignement théorique de la mécanique des milieux continus pendant de très nombreuses années à des publics variés, il avait acquis un savoir-faire unique qu'il savait et aimait partager. Toujours enthousiaste, volontaire, plein d'entrain, d'une motivation à toutes épreuves, il savait convaincre et dépasser les difficultés.
Il a ainsi mené des projets incroyables comme la réalisation d'un forage profond dans le Golfe de Corinthe près d'Aegion en Grèce, en partant de rien. Il a su mobiliser toute l'Europe pour réaliser une plateforme de forage qui a permis d'aller observer une faille active à 1000m de profondeur et de comprendre son fonctionnement intime. Ainsi est né le Corinth Rift Laboratory (CRL), toujours actif aujourd'hui, près de 20 ans après. Il a contribué, dans le cadre de sa mission à l'INSU, à l'émergence d'un projet européen d'observatoire des plaques tectoniques, devenu le projet EPOS qui fait référence aujourd'hui.
On lui doit aussi beaucoup pour le succès du site-pilote de géothermie profonde de Soultz-sous-Forêts. Par des décisions courageuses issues de sa volonté de toujours produire des données de haute qualité, il a permis d'en faire un site de référence internationalement reconnu encore aujourd'hui.
Il a ainsi posé les premières pierres du LabEx G-eau-thermie Profonde.
Reste un mot, un immense merci !