Du 2 au 9 novembre a eu lieu la première école thématique du réseau Marie Curie ITN "Flow in Transforming Porous Media", à Jérusalem, puis dans le désert, vers la Mer Morte.
Une trentaine de participants de quatorze partenaires universitaires et privés, la plupart thésards et chercheurs postdoctorants, se sont initiés aux mécanismes d'écoulements réactifs, de friction, de suivi de déformations multimodales à différentes échelles, les bases de communication et de construction de projet. Quatre membres de l'équipe géophysique expérimentale, IPGS, EOST, ont participé à cette école thématique.
Lors de sorties de terrain dans le désert, les phénomènes suivants ont pu être observés :
Roches liquéfiées :
Près de la Mer morte, des séismites, roches sédimentaires déformables, ont enregistré des paléoséismes dans leurs plis, conservant dans leur structure la trace d'épisodes de liquéfaction sous-marine provoquée par des séismes.
Voici une image panoramique du phénomène
Dans un canyon à côté de la Mer morte, ces sédiments du Lissan ont été déposés au fond de la mer ou d'un lac voici des millions d'années. Ils ont ensuite été déformés par des tremblements de Terre. Leurs structure d'origine consistait en alternance de bancs millimétriques clairs et foncés, correspondant aux saisons été/hiver de la déposition. Certaines couches sombres sont beaucoup plus épaisses, et sont déposées lors d'inondations. Lors du tremblement de Terre, ces couches de sédiments enfouis en fond de mer ont été liquéfiées, et se sont déformées pour créer les vagues visibles. Les sédiments déposés au dessus par la suite et l'enfouissement ont mené à la formation de ces roches sédimentaires, qui portent la mémoire de cette épisode de liquéfaction sismique: des sismites. Plusieurs épisodes de liquéfaction ont eu vraisemeblablement lieu. Ces sismites s'étendent tout du long d'un long canyon, ce qui correspond à la liquéfaction d'une large zone. Cette photographie a été prise lors d'un camp de terrain de l'école de l'ITN (Initial Training Network) FlowTrans (1).
Dyke et labyrinthes :
Dans le désert du Negev, au milieu du Makhtesh Ramon, on peut oberver des dykes exhumés, où de la lave a fracturé la roche encaissante, qui a mieux ensuite mieux résisté à l'érosion que la lave refroidie. Sur les parois du dyke, on trouve la trace de digitations créées lors de l'infiltration de la lave dans la roche - les motifs labyrinthiques sur les deux parois se correspondent.
Voici une image panoramique du phénomène
Dyke négatif (c.à.d. avec l'intérieur, anciennement de la lave infiltrée dans la roche, plus érodé que l'extérieur, roche encaissante qui s'est fracture durant l'infiltration). Il est en hauteur, dans le désert du Negev, vers le centre du "Makhtesh Ramon", grande vallée anticlinale. Des structures de digitation peuvent être observées sur les parois autour du dyke, correspondant les unes aux autres géométriquement. L'hydrofracture due à l'injection de magma dans ce grès a créé ce motif labyrinthique, resté "gelé" sur les bords, le long du grès durci. La photo est prise depuis le milieu du grès, en hauteur, et le basalte correspondant à la lave refroidie après s'être introduite et avoir fracturé le grès (formation du dyke) a été érodé - le point de vue est sur le basalte. Sortie de terrain géologique organisée durant la première école de l'ITN FlowTrans (1).
Contact : Renaud Toussaint
(1) Remerciements à E. Aharonov, Université hébraïque de Jerusalem, qui a organisé ces visites et à N. Wetzler, T.A.U., et Gidi Bear qui nous ont guidés.