Face à la crise sismique qui frappe Mayotte depuis mai 2018, l'EOST a mobilisé ses équipes sur le terrain et à Strasbourg.
En juin 2018, une mission du Groupe d'intervention macrosismique coordonnée par le BCSF-ReNaSS s'est rendue sur place pour estimer les niveaux des dommages induits par cet essaim sismique selon la vulnérabilité des bâtiments à la date de l'analyse de terrain. Au cours de cette mission, deux stations sismologiques ont été installées provisoirement dans des mairies, avec transmission des données en temps réel au BCSF-RéNaSS. Elles permettent de compléter le dispositif instrumental de l'île et de suivre plus finement la sismicité. Ce suivi, habituellement effectué par le BRGM, a été assuré par l'EOST et l'IPGP en alternance durant la période estivale.
Un système de détection et de localisation automatique a par ailleurs été mis en place au BCSF-RéNaSS depuis septembre 2018 pour les séismes de magnitude significative (supérieure à environ 4,5), en utilisant les données des stations sismologiques en temps réel de la région. Y sont associés des formulaires de témoignages disponibles sur le site franceseisme.fr.
Dans le même temps, des sismologues se penchaient sur les données disponibles afin de comprendre le contexte de la crise sismique (voir notre actualité du 18 juin 2018). Le nombre limité et l'éloignement des stations sismologiques ne permettent pas, alors, de déterminer si la crise est plutôt d'origine tectonique ou volcanique. Cependant, les données géodésiques issues des quelques stations GPS disponibles à Mayotte montrent à partir de juillet 2018 un mouvement de subsidence important qui est alors associé à du volcanisme.
Une coordination nationale
Afin de coordonner les actions scientifiques de suivi de la crise et d'étude du phénomène en cours, le CNRS-INSU et le Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire ont lancé fin 2018 l'appel d'offres TelluS-Mayotte. Plusieurs projets ont été proposés, comprenant des actions à terre et en mer. Entre février et avril 2019, plusieurs missions ont permis d'installer des sismomètres fond de mer autour de la zone sismique à l'est de Mayotte (IPGP) ainsi que des stations sismologiques et GNSS à Mayotte (EOST/BRGM - voir notre actualité du 4 mars) et sur les îles Glorieuses (IPGP).
La mobilisation du navire océanographique Marion Dufresne durant la première quinzaine du mois de mai a permis de récupérer les données des stations de fond de mer pour pouvoir les analyser en même temps que le navire effectuait des relevés bathymétriques, d'echosondeur, de prélèvement de colonne d'eau et de dragage.
Ce qu'on a découvert à ce jour
Cette campagne océanographique a révélé la présence d'un nouveau volcan sous-marin à 3500 m de profondeur, d'une hauteur estimée à 800 m et dont le diamètre à la base atteint 4 à 5 km. Ce volcan émet un panache de fluides volcaniques de 2 km de hauteur qui n'atteint pas la surface. Grâce aux données des stations de fond de mer, associées aux données des sismomètres à terre, la sismicité est mieux localisée et a conduit à redéployer les sismomètres de fond de mer autour de la zone la plus active.
La découverte a fait l'objet d'un communiqué de presse interministériel le 16 mai. Les services de l'Etat y annoncent un plan d'action, de communication et de prévention élaboré en collaboration avec les élus et les différents acteurs impliqués.
Lire le communiqué de presse
Ainsi, grâce aux équipements installés au cours de la crise et les nouvelles observations qui confirment l'origine volcanique de la crise sismique, les scientifiques ont aujourd'hui en main des éléments clés pour mieux comprendre et appréhender le phénomène géologique à l'origine des secousses et se préparent pour assurer au mieux le suivi de la crise sismo-volcanique en cours afin d'appréhender ses évolutions possibles.