Le 20 novembre 2023, une voiture présentant un large trou au niveau du toit a été retrouvée à Illkirch (Bas-Rhin). L’hypothèse d’une chute de météorite a été largement relayée par les média. La police a pu récupérer une roche (figure 1) dont la position et la couleur pouvaient faire penser qu’elle était peut-être d’origine météoritique. La roche a été conservée à l’hôtel de police de Strasbourg puis a été confiée à l’Ecole et Observatoire des Sciences de la Terre (CNRS - Université de Strasbourg) qui héberge notamment un Musée de minéralogie et l’unité de recherche Institut Terre et Environnement de Strasbourg disposant de moyens permettant d’analyser des roches.
Après une première observation en loupe binoculaire, la roche d’une taille moyenne de 1.5 cm, ne présente aucune des caractéristiques des météorites : pas la bonne composition, absence de croûte de fusion (pour retrouver l’ensembles des critères de reconnaissance des météorites cliquer sur le lien suivant : https://www.mnhn.fr/fr/faire-expertiser-une-meteorite
Pour aller plus loin, il a été décidé de procéder à une analyse en microscopie électronique à balayage permettant d’observer la roche très en détail et d’en analyser la composition (figures 2 à 5).
La roche analysée est un grès (i.e. roche sédimentaire terrestre), composé de multiples cristaux de natures diverses (quartz, orthose, albite, pyrite), le tout, recouvert partiellement de filaments cristallisés d’hydrocarbures (bitume ou diesel).
Les observations visuelles, ainsi que les analyses, permettent donc d’affirmer que la roche analysée n’est pas un fragment de météorite.
L’EOST a également analysé les données sismologiques des stations permanentes de la région et aucun signal clair pouvant être relié à une entrée météoritique dans l’atmosphère (générant habituellement une onde acoustique se couplant au sol et enregistré par les sismomètres) n’a été observé.
Nous rappelons que la probabilité qu’une météorite heurte une voiture est très faible. Seul un cas avéré s’est produit depuis l’invention de l’automobile, en 1992 à Peeksill, Etats-Unis.
En considérant que le parc automobile sur Terre (en moyenne sur 100 ans) est de l’ordre d’un milliard de véhicule, la probabilité qu’un véhicule donné soit touché par une météorite assez grosse pour l’endommager est donc d’environ une chance sur cent milliards chaque année. A l’échelle de la France cela donne entre une chance sur mille et une sur dix mille qu’un des véhicules en circulation soit touché.
A titre de comparaison, cette probabilité est bien plus faible que celle d’une chute d’un bloc de glace depuis un avion, qui se forme lorsque les avions traversent des nuages avec des cristaux de glace, et se détacher ou lors de la vidange occasionnelle de sanitaires d’avions.