Le 16 avril 2016 un puissant tremblement de terre de magnitude 7.8 a secoué le centre de l'Equateur dans la région de Pedernales. Il s'ajoute à une série de cinq séismes qui se sont produits le long de la zone de subduction équato-colombienne, dont le plus ancien enregistrement sismologique remonte à 1906. Cette fréquence importante d'évènements sismiques suggère un regroupement temporel des grands séismes relâchant progressivement la déformation élastique accumulée à plus long terme par la convergence des plaques tectoniques.
Pour mieux caractériser le bilan de déformation le long de la zone de subduction équatorienne et les incertitudes associées, des chercheurs de l'équipe sismologie de l'EOST ont effectué une analyse fine de la séquence de séismes qui s'y est produite. Ils ont ainsi exploité un vaste jeu de données satellitaires, sismologiques et tsunami pour décrire la rupture du séisme de Pedernales en 2016 et quantifier les déformations élastiques accumulées entre les évènements sismiques dans la région. Les résultats indiquent qu'un regroupement temporel de grands tremblements de terre est possible dans l'hypothèse où ces évènements affectent exactement la même zone de faille. Dans le cas contraire, il semble plus probable que les déformations accumulées autour de la faille soient relâchées alternativement par un très grand tremblement de terre puis par une série de séismes plus petits.
Pour en savoir plus, consultez la Lettre de l'EOST n°29 de juin 2018 (p. 8-9).
Références :
Prépublication disponible sur EarthArXiv : eartharxiv.org/9v38b
L'article est publié chez EPSL.
Images :
A droite : Contexte tectonique de la zone de subduction Équato-colombienne. Les lignes de contour indiquent la profondeur de la faille (une ligne tous les 10 km) alors que les couleurs représentent le couplage apparent de la faille de subduction. Un couplage proche de 1 indique une région de faille bloquée (accumulant rapidement de la déformation entre les séismes) alors qu'un couplage proche de 0 indique un glissement progressif de la faille (n'accumulant pas de déformation entre séismes). Les ellipses pointillées grise représentent l'étendue spatiale des ruptures de séismes historiques et la zone en bleue l'étendue de la rupture du séisme de Pedernales en 2016. Crédits : B. Gombert, Z. Duputel
Ci-dessous : Diagramme schématique illustrant le cycle sismique en Équateur. 1) La plaque Nazca subducte sous la plaque Sud-Américaine. 2) Entre deux séismes, l'interface entre les deux plaques est partiellement bloquée et accumule la déformation élastique. 3) Lors des séismes, la faille de subduction rompt brutalement, libérant de l'énergie accumulée. Les scénarios 3.a et 3.b représentent respectivement les cas où le séisme de 1942 se trouve à la même profondeur ou moins profond que le séisme de 2016. Les figures 4a-b) montrent la comparaison entre le déficit de glissement accumulé entre les séismes sur la faille (en bleu) et le glissement survenu pendant les séismes de 1942 et 2016. Crédits : B. Gombert, Z. Duputel
Contacts :
- Baptiste Gombert IPGS/EOST, actuellement à l'université d'Oxford (gombert@unistra.fr)
- Zacharie Duputel IPGS/EOST (zacharie.duputel@unistra.fr - 03.68.85.00.39)