L'Institut National des Sciences de l'Univers du CNRS se fait l'echo des résultats d'une expédition récente d'une équipe de recherche composée d'une dizaine de chercheurs du CEREGE, de l'IPGP, de l'EOST, du LIVE, de Géosciences Montpellier et de GeoAzur, en collaboration avec l'INGV et l'Université de Chieti-Pescara.
Cette équipe s'est rendue sur le terrain en Apennin Central (Italie) sur le lieu des épicentres qui se sont succédés depuis août 2016 (24 août Mw=6, 26 octobre Mw=5.9) et dernièrement avec le séisme de Mw=6.5 près de Norcia du 30 octobre, le plus fort séisme enregistré en Italie depuis les 36 dernières années. Leurs observations montrent que ce dernier a engendré la rupture co-sismique la plus importante jamais observée en Méditerranée sur une faille normale.
A partir d'outils de pointe en géomatique (scanner 3D Faro, TLS LiDAR Riegl, photogrammétrie) l'équipe a acquis l'affleurement numérique 3D à très haute résolution des zones rompues le long du Mt Vettore avant le dernier séisme du 30 octobre. Les acquisitions faites au cours de cette deuxième mission ont permis de cartographier précisément les ruptures associées à ce nouveau choc et d'acquérir une nouvelle image de la topographie des zones précédemment étudiées.
Ces données fournissent une image sans précédent de l'évolution spatio-temporelle d'un plan de faille avant et après séisme et sont fondamentales pour comprendre le lien entre le déplacement co-sismique et la formation des reliefs topographiques associés aux failles actives.
En Italie et en Europe en général, il existe très peu d'exemples de ruptures co-sismiques visibles dans le paysage. Les observations récoltées dans le cadre de cette mission post-sismique sont donc uniques et montrent que le séisme du 30 octobre a engendré la rupture co-sismique la plus importante jamais observée en Méditerranée sur une faille normale. Le séisme de Mw=6.5 a entraîné un déplacement co-sismique vertical compris entre 1 et 2 m, localisé sur la trace morphologique de la faille du Mt. Vettore et ce sur une longueur de 7 km au minimum. La rupture co-sismique s'est produite sur la même faille et a entraîné le décalage des mêmes objets morphologiques que lors de la rupture du 24 août.
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Photo prise sur le terrain montrant le glissement de 25 cm continue le long du plan de faille associé au séisme du 24 août 2016 (crédit photo : Jim Tesson / CEREGE) et sur le même endroit à droite où on voit le déplacement de presque 1.8 m suite au séisme du 30 octobre (crédit photo Lucilla Benedetti / CEREGE). On reconnaît sur les deux photos le même bloc de roche en bas à droite. Le plan de faille s'est donc déplacé de presque 2 m au total depuis le 24 août par rapport à ce bloc de roche.
Carte : Carte des failles actives susceptibles de produire des séismes, cartographiées à partir des images satellitaires, topographie et données de terrain (Benedetti et al. 2013), la sismicité historique (au cours des derniers 2000 ans) du catalogue CPTI est représentée avec la magnitude et la date du séisme, et les étoiles rouges représentent la localisation des épicentres des seismes de magnitudes supérieures à 5 depuis août 2016.