Roland Schlich, éminent géophysicien strasbourgeois, un des pionniers de l'Antarctique et de l'exploration des océans, jusque très récemment présent à l'EOST qu'il a dirigé pendant une quinzaine d'années de 1982 à 1997, nous a quittés le 28 avril. Ses amis et collègues lui rendent hommage.
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Roland Schlich est né à Metz en 1932. Après ses années d'études à l'Institut de Physique du Globe de Strasbourg dont il sort ingénieur diplômé en 1956, il effectue un court séjour dans l'industrie pétrolière qu'il quitte pour répondre à une annonce du CNRS qui cherchait des volontaires afin d'effectuer des travaux en Antarctique. A l'occasion de l'année Géophysique Internationale (1957-1958), il a été chargé du programme des observations magnétiques à la station Charcot implantée à l'intérieur du continent antarctique à proximité du pôle de surface magnétique. Cette expérience exceptionnelle a été racontée dans un livre (365 jours sous les glaces de l'Antarctique, Glénat, 2008) et un film (Enterrés volontaires au c?ur de l'Antarctique, DVD MK2, 2008).
Après cet hivernage, il prend à l'Institut de Physique de Globe de Paris la responsabilité scientifique des observatoires magnétiques de Dumont d'Urville en Terre Adélie et de Port aux Français à Kerguelen, réseau qu'il complète par la création de 2 nouveaux observatoires à Port Alfred (Crozet) et Martin de Viviès (Amsterdam). Au cours de cette période, entre 1957 et 1969, il mène des travaux de recherche sur l'étude du champ magnétique terrestre et plus précisément sur ses variations rapides.
En décembre 1966, il réalise entre la Tasmanie et la Terre Adélie un profil magnétique à bord du navire de relève affrété par les Expéditions Polaires Françaises. Ce profil recoupant perpendiculairement la dorsale Pacifique-Antarctique avait permis d'enregistrer des anomalies magnétiques de type Vine et Matthews, et cet enregistrement inattendu l'a poussé à proposer au CNRS un programme de recherche focalisé sur l'étude des dorsales de l'Océan Indien en mettant à profit les voyages annuels du navire affrété par le Territoire des Terres Australes et Antarctiques Françaises. C'est ainsi qu'en 1968 il entreprend l'exploration systématique de l'Océan Indien, alors relativement peu connu compte-tenu des difficultés d'accès. La réalisation d'une trentaine de campagnes de géophysique (sismique, magnétisme, bathymétrie, gravimétrie) et de géologie (dragages, photos), souvent comme chef de mission, a permis à Roland Schlich et son équipe de définir les grandes directions structurales, l'âge et l'évolution de l'Océan Indien. Roland Schlich a aussi participé à deux campagnes de forage océanique comme co-chef de mission (DSDP Leg 25 en 1972 et ODP 120 en 1988). Les travaux effectués durant cette période ont conféré aux équipes françaises un quasi-monopole au niveau international. La contribution de Roland Schlich à la connaissance géophysique de l'Océan Indien est déterminante.
Entre 1960 à 1998, Roland Schlich a publié près de 200 articles scientifiques et de très nombreux rapports. Il a présenté près de 120 contributions, dont de nombreuses comme conférencier invité, dans des congrès nationaux et internationaux. En outre, il a dirigé ou codirigé 21 thèses de doctorat.
Outre une brillante carrière de chercheur, Roland Schlich s'est profondément investi dans l'animation et l'administration de la recherche et de l'enseignement supérieur. C'est ainsi qu'une nouvelle étape de sa vie a été initiée lorsque le CNRS propose à Roland Schlich de prendre la direction de l'Institut de Physique du Globe de Strasbourg en 1980, après avoir été directeur-adjoint de l'IPG Paris au côté de Claude Allègre de 1976 à 1979. Une petite partie de son équipe le suit dans cette aventure, mais il lui a fallu reconstruire l'équipe de chercheurs en faisant appel à de jeunes doctorants. C'est aussi à partir de cette période que Roland Schlich s'investit dans de nombreuses responsabilités au niveau local : directeur de l'IPG Strasbourg (qui prend le nom d'Ecole et Observatoire de Physique du Globe - EOPG en 1984) de 1980 à 1996, directeur du Laboratoire de Géophysique Interne qui regroupait alors l'ensemble des activités de recherche de l'IPGS (puis de l'EOPG). Sous sa direction une importante restructuration et extension du bâtiment de Physique du Globe de Strasbourg a pu être menée. Cette extension a notamment permis de renforcer l'école d'ingénieur géophysicien, école interne à l'Université dont l'IPGS avait la responsabilité.
Sur le plan de la recherche, Roland Schlich a créé en 1980 le Laboratoire de Géophysique Interne de Strasbourg (Unité de Recherche Associée au CNRS 323) qui pour la première fois donnait un label CNRS à l'ensemble des équipes de recherche de l'IPGS, puis à partir de 1987, le laboratoire de Géophysique et Géochimie de la lithosphère océanique et continentale.
Enfin à la demande de l'université il prépare à partir de 1992 le regroupement de l'Institut de Géologie, alors rattaché à la Faculté des Sciences de la Vie, et de l'EOPG pour constituer en 1997 l'actuel Ecole et Observatoire des Sciences de la Terre (EOST).Parallèlement à ces responsabilités « strasbourgeoises », Roland Schlich a participé à de très nombreux comités scientifiques nationaux, notamment pour les recherches menées dans les territoires austraux et antarctiques.
Roland Schlich a été trésorier (1982-1996) et secrétaire exécutif (1996-2002) de l'Union Européenne des Géosciences (EUG). A ces fonctions, il a notamment organisé plusieurs réunions annuelles à Strasbourg. Il est devenu ensuite trésorier de l'European Geosciences Union EGU (2002-2014). Il a été membre actif du Scientific Committee on Antarctic Research SCAR (président du comité des finances 1990-1998, puis vice-président 1998-2004), du Comité National Français de Géodésie et de Géophysique CNFGG (trésorier depuis 1988), du Comité National Français des Recherches Arctiques et Antarctiques CNFRA (Président).
Il a obtenu plusieurs distinctions : Chevalier de l'Ordre de l'Etoile Noire (1958), Chevalier (1968) puis Officier (1994) de l'Ordre National du Mérite (1985), Prix Tchihatchef décerné par l'Académie des Sciences de Paris (1975), Prix Barrabé décerné par la Société Géologique de France (1976), Prix Léon Lutaud de l'Académie des Sciences de Paris (1996), Prix du Prince des Asturies (2002).
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