Une soixantaine de bibliothécaires des universités d'Alsace étaient présents à la 6e journée des formateurs, organisée le 29 juin. Pour cette édition portée par les bibliothèques d'écoles d'ingénieurs, l'EOST s'est portée participante grâce à l'animation d'un atelier sur les fake news.
Organisée chaque année, la journée des formateurs réunit des bibliothécaires des universités et établissements d'enseignement supérieur d'Alsace. Tous ont pour point commun de s'investir dans la formation des étudiants, qu'il s'agisse d'initiations à la recherche documentaire, ou d'usages plus ciblés comme la recherche d'emploi.
Si les thématiques balayées par la journée étaient variées (outils numériques interactifs, réalisation de tutoriels vidéos, ? etc), une attention particulière a été portée aux fake news ; un sujet qui touche particulièrement l'enseignement, mais aussi la recherche. Notre époque se caractérise par un excès d'information qui a pour effet de desservir la vérité, notait Philippe Gillig, maître de conférences à la Faculté des Sciences Sociales, lors de son intervention à l'INSA, face aux participants réunis en plénière. A l'ère de la « post-vérité », on voit également apparaître, dans la parole publique, une volonté délibérée de mettre en doute les faits scientifiques, pour des motifs économiques, politiques ou religieux, ou une certaine indifférence à l'égard de la vérité. Cette situation a récemment interpellé le comité d'éthique du CNRS, auteur d'un avis sur les « nouvelles responsabilités des chercheurs à l'heure des débats sur la post-vérité ».
Un atelier sur les « fake news »
L'après midi, le sujet était abordé de manière plus concrète, grâce à un atelier à l'ENSAS, précédé d'une visite de l'école et de la bibliothèque. Co-animé avec Néhémie Henry, responsable de la formation aux usagers à l'Université de Haute-Alsace, ce temps par petits groupes a permis de dégager quelques pistes pour repérer une fausse information, et différencier ce qui relève de la mésinformation (une information fausse, ou distordue, qui s'élabore de façon involontaire à cause, par exemple, d'un manque de méthode des journalistes), des fake news (informations volontairement trompeuses, qui reprennent les codes du journalisme et sont répandues dans un but souvent malveillant, ou économique), ou encore des canulars (information fausse, destinée à faire rire ? Mais parfois prise au sérieux et partagée par des comptes influents sur les réseaux !). « En quoi les fake news concernent-elles les BU ? Que pourraient-elles mettre en place afin de lutter contre ce phénomène ? » ... L'atelier s'est conclut sur une note plus studieuse. Face aux fake news, les bibliothécaires sont déjà partiellement armés. Reste à trouver des moyens de partager leur savoir-faire en terme de sélection de l'information, à un public qui maîtrise les réseaux sociaux mais qui n'a pas toujours le recul nécessaire pour évaluer ce qu'il y trouve.
Source
- Quelles nouvelles responsabilités pour les chercheurs à l'heure des débats sur la post-vérité ?, Comité d'éthique du CNRS (COMETS), avis n°2018-37.
Pour aller plus loin
- Santé, science : doit-on tout gober ? de Florian Gouthière. Belin, 2017.
Journaliste scientifique et médiateur, Florian Gouthière propose de remonter la chaîne de production de l'information scientifique, et identifie les nombreux écueils où médias et grand public se prennent parfois : méconnaissance de la démarche scientifique, experts autoproclamés, ? etc. - Fake news et post-vérité : 20 textes pour comprendre la menace, dirigé par Arnaud Mercier. The Conversation, 2018. Accessible gratuitement au format pdf.
Contact EOST : Eymeric Manzinali